jeudi 1 mai 2014

La résistance aux antibiotiques est dans le pré

Radio-Canada rapportait cette semaine que l'antibiorésistance est une menace pour le monde, selon l'OMS.  L'antibiorésistance, ou résistance aux antibiotiques, est l'évolution de microorganismes pathogènes (les microbes qui causent infections et maladies) pour devenir résistants aux médicaments qui les détruisaient (et nous guérissaient) auparavant.  De façon terre-à-terre, ça signifie que des maladies ou des infections qui étaient facilement guéries par des antibiotiques il n'y a pas si longtemps, deviendraient incurables.  Mourir parce qu'on s'est fait une petite coupure et que la blessure s'est infecté, c'est rare de nos jours... mais ça pourrait devenir courant, malheureusement.  Ouch!

Pour freiner l'antibiorésistance, on demande aux médecins de prescrire les antibiotiques seulement lorsque nécessaire (par exemple, ils ne le sont pas pour une infection virale sans complication) et aux patients de toujours bien suivre et finir leur traitement.  En effet, si on doit prendre un antibio pour 10 jours, même si on se sent "guéri" après 5 jours, il pourrait rester une petite quantité de microbes vivants, ayant été exposés à l'antibiotique sans en mourir, et c'est le genre de situation qui mène à une évolution résistante.

Une publication récente dans le journal scientifique mBio nous apprenait que des microorganismes présents dans le fumier de vache, couramment épandu sur les terres agricoles, présentent de la résistance aux antibiotiques.  "Cela n'est pas nécessairement inquiétant, puisque les gènes provenant des bactéries se trouvant dans l'intestin de la vache ne posent pas pour le moment de danger pour les humains", prétendait l'article de Radio-Canada présentant cette découverte.

Pas inquiétant?! Pas d'accord! La résistance aux antibiotiques est une mauvaise nouvelle pour les vaches aussi... Et pour ceux qui en mangent et/ou vivent de leur élevage! Si une épidémie causée par un microorganisme diminuait drastiquement la production bovine (lait, viande), les conséquences alimentaires (carences nutritionnelles ou changements majeurs dans notre menu pour trouver ailleurs le calcium des produits laitiers ou les protéines et le fer de la viande bovine, entre autres) et économiques seraient importantes. Quand on pense au futur des humains, il faut penser à notre sécurité alimentaire à long terme, pas juste aux infections!

Sans compter le risque qu'en côtoyant par hasard des pathogènes humains, les gènes de résistance se transmettent...

Les bonnes pratiques médicales et la collaboration des patients ne suffisent donc plus.  Pour freiner ce foyer de développement de résistance microbienne, il faudrait diminuer drastiquement l'utilisation d'antibiotiques chez les bovins d'élevage.  En particulier, il faudrait n'utiliser les antibiotiques que pour traiter des animaux malades.  Ça semble une évidence, mais pourtant, de grandes quantités sont utilisées sur des troupeaux sains, "en prévention".  Autre option, l'agriculture biologique, qui proscrit l'administration d'antibiotiques aux animaux de ferme. Roméo Bouchard, auteur du livre sur l'agriculture bio au Québec Les champs de bataille, a affirmé en entrevue qu'il faut sortir le bio de son statut de niche et en faire la norme. Il pensait probablement plus à la réduction de l'usages des pesticides et des engrais synthétiques et à l'interdiction des OGM, mais freiner la résistance aux antibios serait un autre avantage d'une généralisation du bio!

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